Souris à queue courte ©Jean-Michel Bompar

Présentation et description

La souris à queue courte (Mus spretus), dite aussi souris d’Afrique du Nord ou plus rarement souris glaneuse, fait partie de la famille des Muridae.

Elle est plus petite que la souris grise, avec laquelle elle était autrefois confondue. Son corps mesure entre 69 et 91 mm. Elle possède, comme son nom l’indique, une queue assez courte par rapport au reste de son corps, de l’ordre de 52 à 73 mm. Il s’agit du critère principal pour son identification. Le rapport queue/(tête+corps) x 100 est compris entre 60 et 80 chez la souris à queue courte, contre entre 75 et 105 chez la souris grise. De plus, la souris à queue courte a une queue fine et rosée, contrairement à la souris grise qui a une queue gris clair. Son pelage est brun-beige sur le dos, gris-blanc sur le ventre. Sa coloration ne permet pas de la différencier des autres espèces, notamment de jeunes mulots qui possèdent souvent une teinte semblable. Cependant, elle a souvent une touffe de poils blancs derrière les oreilles. Comparée aux jeunes mulots, son pied postérieur est plus petit, inférieur à 18 mm. Son identification en mains est donc mal aisée et peut nécessiter une validation à l’aide de critères crâniens, dentaires ou du palais.

Des cas d’hybridation sont connus dans certaines populations du Nord de l’Afrique mais n’ont pas été relevés dans le sud de la France, cela est probablement due aux préférences de biotope de chacune des deux espèces, qui entrent en compétition et s’excluent naturellement. Dans le cas d’hybridation, les individus mâles hybrides restent stériles.

Les mâles de la souris à queue courte sont dépourvus de l’odeur musquée présente chez ceux de la souris grise.Territoriaux, les mâles occupent des domaines vitaux plus vastes que ceux des femelles. Les déplacements de la souris à queue courte sont donc variables en fonction du sexe mais aussi de la saison. Sur le littoral Languedocien, des déplacements instantanés d’une valeur moyenne de 112 m ont été observés (POITEVIN et al.), mais en garrigue ils sont plus réduits (40 m en moyenne). Cela reste supérieur aux déplacements de la souris grise (32 m).

La période de reproduction dépend de la disponibilité en ressource alimentaire et en en eau, elle peut donc être interrompue durant les étés secs et l’hiver. Dans le sud de la France, la quantité de glands et leur conservation détermine la période de reproduction et son intensité. Ainsi sur les bonnes années, les couples formés à l’automne se reproduiront jusqu’en janvier, s’arrêteront entre février et mars pour reprendre jusqu’en août. Les portées sont en moyenne de 5,2 jeunes.

La sourie à queue courte se nourris principalement de graine et de fruit, ainsi que des parties végétatives des plantes. Elle consomme aussi ponctuellement des insectes.

Etat des connaissances

Historique

La souris à queue courte se serait différenciée de la souris grise au Magreb, puis aurait migré vers l’Europe en franchissant le détroit du Gibraltar en bateau, au néolithique. Elle aurait ensuite colonisée la France en passant par l’étroite bande côtière méditerranée, probablement à l’époque romaine.

Carte de l'état des connaissances sur la souris d'Afrique du nord

Distribution actuelle

La souris à queue courte est une espèce méditerranéenne dont la répartition se concentre en Afrique du Nord sur le pourtour méditerranéen, sur une large partie de l’Espagne, au Portugal, ainsi que dans le sud de la France. Contrairement à sa cousine la souris grise, elle n’est pas commensale à l’Homme. Inféodée aux milieux secs, elle fréquente les garrigues, les milieux ouverts, les friches herbacées, ainsi que certaines cultures. Ses faibles besoins en eau la rende plus compétitive que la souris domestique dans les milieux xériques. Par contre, dans les milieux humides, elle sera systématiquement évincée par le souris grise.

Cette espèce méditerranéenne est peu adaptée au froid, ses préférences en terme de température se situe entre 8 et 14 °C, sa température corporelle chute dès que la température extérieure descend en dessous de 5°C. Elle peut entrer en léthargie quand les températures sont trop basses ou la nourriture insuffisante. Dans le midi de la France, sa densité est estimée entre 3 et 12 individus à l’hectare.

En Rhône-Alpes, limite nord de son aire de répartition, elle est présente dans 3 départements, en Ardèche, dans la Drôme, ainsi que dans la Loire. L’état des connaissances est des plus parcellaire, avec une petite vingtaine de données seulement (18 données au total depuis 2005 pour 11 mailles de 10km/10km), essentiellement ardéchoises. L’analyse de pelotes de réjection en représente la principale source (seul un individu vivant capturé et un cadavre). L’ensemble des données fait état d’une réparation altitudinale allant jusqu’à 390 m. La donnée la plus septentrionale revient à la commune de Saint-Just-Saint-Rambert, près de Saint-Étienne. En Drôme, sa présence semble se concentrer dans la vallée du Rhône (Suze-la-Rousse, Saint-Marcel-lès-Valence). En Ardèche, elle est notifiée dans la moitié sud et peu montagneuse du département (Berrias-et-Casteljau, Rochemaure, Saint-Alban-Auriolles…)

Menaces et conservation

Le statut de conservation de la souris à queue courte correspond à une « préoccupation mineure » au niveau national. Elle n’est pas considérée comme menacée, malgrés son aire de répartition limitée. Il est probable que le faible nombre de données ne reflète pas sa présence ni la densité de ses populations. Un effort de prospection reste à mener.

L’aire de répartition de la souris à queue courte semble plus ou moins circonscrite à celle du Chêne vert (ORSINI et al.). Sa limite paraît donc climatique. Dans les années à venir, il est possible que l’espèce profite du changement climatique, la hausse conséquente des températures et la généralisation des surfaces soumises à la sécheresse étant adaptées à ses exigences. Le maintien de milieux ouverts sera le prérequis complémentaire à cette potentielle progression.

Des études au Portugal ont montré que la souris à queue courte est impactée par la présence de métaux lourd dans son environnement (Cr, Mn, Fe, Cu, Zn, Se). Les souris issues de milieux contaminés se retrouve avec des dents moins longues et des problèmes dans leur développement, elles sont moins lourdes, tous comme le poids de leur rein et de leur rate. Leur taux d’hémoglobine est important. Cela en fait une espèce bio-indicatrice, ce qui est confirmée par le dosage des taux de métaux lourds et d’enzyme antioxydantes dans le foie.

Rédactrices : Alice DESPINOY et Emilie MULLER, décembre 2020.