Cerf sika, Hollande, décembre 2011 © Jérémie HAHN

Présentation et description

Cerf sika, Forêt de Chaux, septembre 2019

Le cerf sika est un mammifère artiodactyle appartenant à la famille des cervidés. Il est originaire d’Extrême-Orient où quatorze sous-espèces ont été décrites. Ce cervidé est de  taille relativement réduite pouvant néanmoins atteindre 165 cm de longueur, 85 cm de hauteur au garrot, et pouvant peser jusqu’à 60 kg. Il peut éventuellement être confondu avec le daim européen (Dama dama) mais plus probablement avec le cerf élaphe (Cervus elaphus) dont il se distingue notamment par sa taille plus réduite. En été, le pelage du cerf sika peut rappeler celui du daim mais ce dernier est généralement plus clair, avec des taches nettement délimitées. Une bande vertébrale noirâtre est par ailleurs présente. En hiver, son pelage devient beaucoup plus sombre et les taches disparaissent. Le miroir fessier est blanc, largement bordé de noir sur sa partie supérieure. Les bois du mâle sont bien développés mais plus petit que ceux de l’élaphe.

Le rut a lieu de mi-septembre à fin novembre, avec une activité accentuée pendant la seconde quinzaine d’octobre. La vocalisation du mâle est plus variée et plus aiguë que celle du cerf élaphe. Les mises bas peuvent s’étaler de mai à août suite à une gestation de 31 à 33 semaines. La femelle met bas un seul jeune en règle générale. La maturité sexuelle est atteinte aux alentours de 16-18 mois. La longévité de l’espèce atteindrait 25 ans en captivité mais nettement moins à l’état sauvage. Il affectionne les forêts à couvert dense ainsi que les milieux humides mais va volontiers se nourrir  dans les prairies (Steinmetz & Lorvelec 2012).

Le cerf sika a été introduit en Europe à partir du 19ème siècle, puis dans diverses régions du monde. En France, le cerf sika du Japon Cervus nippon nippon constituerait la principale souche génétique des animaux présents mais deux autres sous-espèces auraient également été utilisées, Cervus nippon mantchuricus et Cervus nippon pseudaxis, originaire du Viet Nam.

Concernant son statut en France, le cerf sika est une espèce allochtone (arrêté du 14 février 2018)  classée gibier (arrêté du 26 juin 1987). En fonction du département, l’espèce peut être soumise à un plan de chasse ou faire l’objet de mesures de destruction administrative. Il n’y a pas de plan de chasse dans les départements de Rhône-Alpes.

Cerf sika, Foucherans, septembre 2018 © C Ch

Etat des connaissances

Historique

L’aire de répartition naturelle du cerf sika recouvre une grande partie de l’est de l’Asie : Sibérie, Mandchourie, Chine, péninsule coréenne, Japon ainsi que certaines  îles comme Taïwan. Le cerf sika présent aujourd’hui en France métropolitaine est  principalement issu des animaux (un mâle et trois femelles) offerts par le Mikado, l’empereur du Japon, au président Carnot en 1890 et introduit à Rambouillet (SAND & KLEIN 1995). A partir de ce noyau fondateur et d’autres animaux arrivés par la suite, différentes populations ont été constituées en enclos ici et là. Les animaux que l’on rencontre aujourd’hui en liberté proviennent d’animaux échappés  de ces enclos bien que des lâchers en nature aient également eu lieu.

Carte de l'état des connaissances sur le cerf sika

Distribution actuelle

En France, le cerf sika est rare. Il n’est présent en  liberté que dans 19 départements d’après l’enquête ONCFS de 2013. Mais la plupart des 26 « entités » répertoriées ne concerne que quelques animaux plus ou moins en sursis. Une demi-douzaine de populations apparaissent plus stables en Ile de France, dans le Loiret, dans le Lot, dans le Haut-Rhin (forêt de la Harth) et  en Provence (Cadarache). En Rhône-Alpes, seul le département de l’Isère est concerné par l’enquête avec une entité apparue, sans plus de précisions (Saint Andrieux & al 2014). Pour la saison de chasse 2018/2019, 90 animaux ont été tirés en France pour 182 attributions.

Dans le cadre de l’atlas, il n’existe qu’une seule donnée, en Isère justement.  Une petite harde de cinq individus a été observée en octobre 2010 à Roybon à 635 m d’altitude. Cette observation ne semble pas avoir été confirmée par la suite. En tout état de cause, la présence de l’espèce en Rhône-Alpes est anecdotique.

 

Impact et gestion

Cerf sika, Foucherans, juin 2018

Contrairement au daim, le cerf sika doit être considéré comme une espèce effectivement  exotique dont  l’introduction en Europe ne présente pas d’intérêt en termes de biodiversité. Cette espèce présente de plus un risque non négligeable de pollution génétique pour le cerf élaphe. Les  possibilités d’hybridation avec ce dernier sont  documentées, notamment en Grande Bretagne. Ce risque est d’autant plus important que les hybrides sont fertiles (MACHACEK et al., 2014) et difficilement éliminables car très proches phénotypiquement du cerf élaphe.

Dans l’état actuel des choses cette problématique ne semble pas vraiment concerner Rhône-Alpes compte tenu de la très faible implantation de l’espèce. Son éventuelle présence en Isère doit néanmoins être surveillée.

Rédacteurs : Dimitri LAURENT et Marc MICHELOT