Belette d'Europe, Lullin, Haute-Savoie, 2014 © Violaine Gouilloux

Présentation et description

Belette d'Europe, Oyonnax, Ain, juin 2015 © Francisque Bulliffon

La belette d’Europe a été décrite par Linné en 1766. Il s’agit du plus petit mustélidé que l’on puisse observer dans l’ancienne région Rhône-Alpes. En effet, elle mesure seulement 14 à 30 cm auxquels il faut ajouter 3 à 7 cm de queue. Son poids est compris entre 30 et 150 grammes. Sa morphologie est caractéristique des mustélidés avec un corps longiligne et des membres courts. Son pelage est brun-roux sur le dos, la tête et les pattes, et blanc sous le ventre et le cou. Elle peut-être confondue avec l’hermine, cependant quelques critères permettent de les distinguer. En plus de sa taille plus modeste, la belette d’Europe possède une queue plus courte et sans pinceau noir. Enfin, la démarcation entre le brun et le blanc de son pelage est irrégulière avec une tâche brune dans le blanc sous le cou. Cependant, la rapidité et la grande agilité de ces petits mustélidés permettent difficilement d’observer ce dernier critère.

Dix neuf sous-espèces sont reconnues pour l’ensemble de sa distribution. Cette dernière est vaste et s’étend de l’Amérique du Nord (Canada principalement) à la Mandchourie (Chine et Russie) en passant par l’Europe de l’Ouest, le Maghreb et le Caucase. En France et plus particulièrement dans l’ancienne région Rhône-Alpes, c’est la sous-espèce nominale Mustela nivalis nivalis qui est présente.

La belette d’Europe est indigène dans l’ancienne région Rhône-Alpes et elle est considérée comme Quasi menacée sur la Liste Rouge des vertébrés de Rhône-Alpes (2008).

La belette d’Europe est aussi bien active le jour que la nuit et son observation est souvent furtive. Elle est connue pour chasser les campagnols dans leurs galeries, mais sa grande curiosité la pousse parfois à sortir à découvert. Plusieurs observations confirment ce comportement et concernent des individus poursuivant des micro-mammifères à la surface sans plus de précision sur l’espèce précise. En 2012, un individu est observé capturant un Mulot sp. à Corcelles (01). En 2011, une belette est notée chassant des souris dans un grenier à Groisy (74). Au même endroit, en 2015, un individu est retrouvé dans un piège à souris où elle a tué ces dernières. La belette semble également pouvoir chasser des proies de taille plus importante. En effet, 3 observations mentionnent des individus poursuivant des rats. La belette prédate également des oiseaux et plusieurs données mentionnent ce comportement. E,n 2014, une belette est observée à Saint-Martin-en-Vercors (26) essayant de chasser de jeunes tariers pâtres et de jeunes pies-grièches écorcheurs. Toujours en 2014, sur la commune Lans-en-Vercors (38), une belette tente de capturer une Bergeronnette grise à la course mais sans succès. En 2017, à Lalley (38), c’est un jeune Traquet motteux qui échappe à une attaque. A Montselgues (07), en 2015, une belette est poursuivie par un couple de Fauvette grisette, probablement suite à la prédation du nid. En 2016, à Bonlieu-sur-Roubion (26), une belette est observée avec un jeune Merle noir dans la gueule. La belette peut également prédater des espèces domestiques. Ainsi, en 2013 à Saint-Polgues (42) des cailles domestiques sont retrouvées mortes dans une volière où seule la belette a pu s’introduire. Il s’agit de la seule mention de prédation à l’encontre d’animaux d’élevage. En 2010, un individu est vu à plusieurs reprises capturant des lézards verts devant la porte d’une maison à Montchenu (26). Bien que spécialisée dans la chasse des campagnols, la belette est toutefois en mesure de chasser un panel d’espèces assez large.

Comme la plupart des prédateurs, la belette est capable d’adapter sa reproduction en fonction de la ressource alimentaire disponible. Ainsi, les années où les campagnols pullulent, 2 portées peuvent être élevées et les jeunes sont capables de se reproduire dès leur première année. En 2015, une famille est découverte sous une tôle dans une friche sur la commune de Saint-Michel-sur-Rhône (42). Au moins deux jeunes sont alors observés et se cachent dans la végétation. Un adulte vient rapidement défendre son nid en attirant l’attention de l’observateur en poussant de petits cris et en se déplaçant dans la végétation alentours. En 2017, à Sassenage (38), un adulte est noté transportant un jeune dans sa gueule. En 2013, 3 jeunes sont notés courant ensemble sur un sentier à Vaulx-Milieu (38). En 2008, 2 adultes et 3 jeunes sont observés traversant une route en file indienne sur la commune de Reignier (74). Le En 2017, un jeune de 2 semaines est découvert sur un sentier à Ayse (74) et emmené en centre de soins. Toujours en 2017, sur la commune de Saint-Polgues (42), un adulte est observé faisant une quinzaine d’aller-retours dans une haie, transportant à chaque fois un micro-mammifère dans la gueule. Il est fort probable que cet individu nourrissait des jeunes. En 2012, un jeune est observé à Montchenu (26).

La belette d’Europe est capable de nager. Durant la durée de l’atlas, deux données mentionnent ce comportement : une à Vienne (38) et une à Vaulx-en-Velin (69).

La belette d’Europe, de part sa petite taille, est aussi la proie de diverses espèces. Les rapaces peuvent à l’occasion la capturer. Ainsi, en 2013, à Saint-Marcel-de-Félines, une buse variable est dérangée et relâche une belette qu’elle venait de capturer. Cette dernière en profite alors pour se réfugier dans une haie. En 2014, un individu échappe également de peu à une buse variable à Balbins (38). Le crane d’un jeune individu a été découvert dans une pelote d’effraie des clochers à Brindas (69) . En 2011, une belette morte est observée dans le bec d’un goéland leucophée à Lapeyrouse (01) et, toujours en 2010, dans les pattes d’un grand corbeau à Borée (07). Ces deux oiseaux ont pu tuer leur proie, mais ils peuvent également avoir pu profiter de la découverte d’un cadavre. Enfin, la prédation par le chat domestique est à souligner avec une dizaine de mention sur la période de l‘atlas.

 

Etat des connaissances

Carte de l'état des connaissances sur la belette d'Europe

Distribution actuelle

Présente sur la quasi-totalité du Paléarctique et sur la moitié nord du Néarctique, la belette d’Europe est observable sur la totalité du territoire français, Corse incluse.

Durant la période de prospection du présent atlas, la belette d’Europe a été observée dans les huit départements de l’ancienne région. Sa répartition est quasi continue dans les secteurs de basse altitude, en dehors de l’agglomération lyonnaise. La situation sur les secteurs de reliefs est plus contrastée avec une présence plus régulière sur le massif des Écrins ou sur le Vercors qu’en Vanoise ou sur le Vivarais. Les manques correspondent vraisemblablement à des lacunes de prospection en plaine, ce qui est moins sûr en montagne.

La belette est présente dans une grande diversité d’habitats : milieux ouverts, lisières et clairières forestières, friches, bords de cours d’eau… mais elle apprécie particulièrement les secteurs de prairies et de bocages où les campagnols, qui constituent l’essentiel de son régime alimentaire, sont plus abondants. L’altitude semble limiter sa répartition à l’échelle de l’ancienne région. En effet, elle devient rare au dessus de 1 200 mètres et c’est entre 200 et 400 mètres qu’elle est le plus souvent observée.

Menaces et conservation

Actuellement, la belette d’Europe ne semble pas menacée dans l’ancienne région Rhône-Alpes. Cependant plusieurs facteurs impactent les populations. Premièrement, le morcellement des milieux naturels par les infrastructures routières représente une cause de mortalité non négligeable pour l’espèce. De par sa rapidité, la belette est souvent considérée comme peu sensible au trafic routier. Cependant, il est possible que sa petite taille ne permette pas de détecter correctement les cadavres en bordure de route. Notons que parmi les 109 données signalant des individus morts sur la période du présent atlas, 73 concernent des individus morts par écrasement routier !

Le maintien de micro-habitats (friches, haies, pierriers, murets, tas de bois), semble être primordial pour la conservation de la belette d’Europe. La dégradation des paysages agricoles et des éléments structurant le bocage pèse particulièrement sur la faune et l’espèce n’échappe pas à la règle.

Récit d’une observation

Le 21 avril 2015, alors que je prospecte une friche sur la commune de Saint-Michel-sur-Rhône dans le Pilat (42), je découvre une tôle au sol, provenant probablement d’une ancienne garenne. Je la soulève avec l’espoir de découvrir des reptiles à l’abri, mais ni serpent, ni lézard ne sont présents… Pourtant la végétation sèche au sol bouge et attire mon attention. Au bout de quelques secondes, deux petites têtes apparaissent : il s’agit d’un nid de belette. Au même moment, j’entends de nombreux cris aigus et des mouvements dans la broussaille environnante. Il s’agit d’un adulte venant défendre sa portée. Je repose délicatement la tôle et repart rapidement afin de ne pas déranger plus longtemps la petite famille, content de cette découverte assez particulière ! Bertrand Tranchand

Bertrand Tranchand et Emmanuel Véricel, avril 2019