Hérisson d'Europe © Pierre Crouzier

Présentation et description

Hérisson d'Europe, Crolles, Isère © Géraldine Le Duc

Le hérisson d’Europe (Erinaceus europaeus), aussi appelé hérisson commun, hérisson d’Europe occidentale ou hérisson à poitrine brune, présente un aspect caractéristique : apparence dodue, bas sur pattes. Il est recouvert de piquants sur l’ensemble du dos et les flancs, du dessus de la tête à l’extrémité postérieure du corps. La teinte générale est beige-brun, plus foncée au niveau des pattes et de la tête assez conique et se terminant par une truffe sombre. Les piquants sont barrés de sombre et de blanchâtre. Tête et corps : 20-30 cm ; Queue : 2-3 cm ; Poids : 800-1700 g

Essentiellement crépusculaire et nocturne, le hérisson fréquente tous les lieux qui lui offrent le gîte et le couvert : les jardins, les milieux de jonction entre culture et bois dans lesquels buissons, broussailles, tas de bois, de feuilles, de fumier, vieux murs…sont présents. Il affectionne les lieux de bocage, mais d’une manière générale, on peut dire qu’il préfère les milieux ouverts où les invertébrés sont présents. Les zones d’agriculture intensive sont désertées.

Le hérisson d’Europe se nourrit principalement d’insectes, limaces, escargots, vers de terre, chenilles mais aussi de crapauds, grenouilles, lézards, serpents, mulots et campagnols, couvées et œufs d’oiseaux, charognes de toutes sortes, fruits, champignons… Il est d’une manière générale assez opportuniste sur sa nourriture et se sert essentiellement de son odorat pour repérer ses proies. Il est également insensible aux piqûres d’abeilles et peut manger guêpes et bourdons.

Le hérisson se construit un nid d’herbes sèches et de feuilles mortes dans un buisson, un tas de bois ou une dépression du sol. C’est le seul insectivore à entrer en léthargie lorsque la température descend en dessous de 10°C. Il hiberne d’octobre à mars avec néanmoins quelques périodes d’activité si la température le permet.

Deux tiers des femelles sont en général aptes à la reproduction dès le printemps suivant leur naissance. Pour les mâles seul 15% sont à maturité sexuelle au bout d’un an, les autres se reproduiront l’année suivante.

Le rut se situe en principe d’avril à août. Il y a en général de 1 à 2 portées par an donnant en général 4 à 5 petits, rarement 6 ou 7. La durée de vie moyenne d’un hérisson se situe entre 1 et 2 ans dans la nature.

D’après R. Hainard, les densités de hérissons varient de 25 à 55 individus au km2 dans les périphéries urbaines et dans les agglomérations rurales, alors que dans les prairies buissonnantes, les friches de basse altitude et dans les milieux agricoles, la densité n’est que de 5 à 15 individus au km2. Les données plus récentes font état d’une plus grande variabilité en fonction des milieux et des méthodes de comptage utilisées. En Europe, en fonction des études et des milieux, les résultats indiquent de 2 à 179 individus au kilomètre carré.

D’une manière générale, il est observé une plus grande densité de l’espèce dans les milieux urbains et péri-urbains au détriment des zones rurales. Cela est dû à la disponibilité des proies (lombrics en particulier) dans les prairies et pelouses permanentes non agricoles qui est plus importante que dans les prairies pâturées et cultivées. Le blaireau étant son principal prédateur, la densité du hérisson est inversement proportionnelle à celle du mustélidé ce qui peut expliquer également le phénomène d’exode rural. Enfin, les densités de hérisson sont d’une grande variabilité d’une année sur l’autre sur un même territoire. Cela est principalement dû aux températures hivernales directement corrélées au taux de survie des jeunes et des femelles adultes.

En Rhône-Alpes, aucune étude ne permet de connaître les densités précises du hérisson.

Etat des connaissances

Historique

Dans l’atlas des Mammifères sauvages de France (FAYARD/SFEPM, 1984), la présence du hérisson est mentionnée sur la quasi-totalité du pays, avec quelques lacunes correspondant très probablement en bonne partie à des carences de prospection ou à des absences réelles pour certains secteurs d’altitudes (massifs alpins et pyrénéens).

Dans l’atlas des Mammifères sauvages de Rhône-Alpes (GRILLO/FRAPNA, 1997), la totalité des districts naturels retenus sur Rhône-Alpes, et donc les 8 départements, sont occupés par le hérisson.

Carte de l'état des connaissances sur le hérisson d'Europe

Distribution actuelle

Remplacé dans les parties orientale et sud-orientale par le hérisson des Balkans (Erinaceus roumanicus), le hérisson d’Europe occupe la majeure partie de l’Europe de l’Ouest : de la Sicile jusqu’au-delà du cercle polaire arctique (sur la côte norvégienne ou encore en Finlande où il a fait l’objet d’introductions), à l’exception de secteurs centraux de Suède et Norvège et des parties les plus septentrionales de Scandinavie (MITCHELL-JONES, 1999). La région Rhône-Alpes (comme la partie continentale française) est peuplée par la sous espèce nominale Erinaceus europaeus europaeus Linnaeus 1758 (MILLER, 1912, SAINT GIRONS, 1973)

Depuis 2005, les données collectées confirment la présence de cet insectivore globalement sur l’ensemble de la région dans les zones correspondant à son habitat. Le hérisson y est ainsi représenté sur les 8 départements rhônalpins. La grande majorité des secteurs de la région Rhône-Alpes est occupée, à l’exception des secteurs élevés orientaux des deux Savoies et de l’Isère ainsi que certains secteurs de la moitié orientale de la Drôme. Le hérisson est essentiellement présent dans les zones de basses et moyennes altitudes mais s’élève toutefois jusqu’à plus de 1000-1100 m, voire localement jusqu’à 2000 m  dans certains secteurs favorables. En Rhône-Alpes le hérisson d’Europe est une espèce pouvant être qualifiée de commune.

Hérisson d'Europe, Crolles, Septembre 2013 © Géraldine le Duc

Menaces et conservation

Herisson juvénile, Samoens, Haute-Savoie, juillet 1986 ©Jean-François Desmet

Le principal risque pesant sur cette espèce est le trafic routier, c’est en tout les cas le plus visible. En second vient le morcellement des habitats.

Pour le premier aspect, il est assez difficile de connaître précisément le nombre de tués mais, sur des circuits-échantillons de 60 km situés dans les Monts du Lyonnais effectué par D. Ariagno, 15 et 20 cadavres de hérissons ont pu être détectés chaque mois durant 6 mois (période d’activité de l’espèce). Ceci pourrait nous amener à estimer à plusieurs milliers le nombre de hérissons écrasés chaque année en Rhône-Alpes.

Il faut également noter les dangers connexes liés aux infrastructures routières : déchets jetés par les conducteurs, utilisation d’herbicides, bassins d’orage où les hérissons se noient et enfin le broyage systématique des bas-côtés qui détruit directement des familles entières qui nichent dans la végétation.

Une étude aux Pays-Bas a permis de mettre en évidence une baisse de 30 % de la population liée directement aux infrastructures routières.

La fragmentation des milieux crée des îlots séparés les uns des autres ce qui induit un brassage génétique moindre avec pour conséquence une fragilisation des noyaux de population isolés. D’autre part, cela ne permet pas la recolonisation de milieux favorables où l’espèce aurait disparue sauf à avoir un noyau de population encore viable située à moins de 10 km (DONCASTER et al., 2001).

Enfin, de nombreux autres dangers menacent nos hérissons : pollutions chimiques, débroussailleuses et tondeuses, brûlage des tas de bois et feuilles en hiver, noyade dans les piscines et les mares dont les pentes sont trop abruptes, filets de protection des végétaux, canalisations et regards dont il n’arrive pas à s’extraire, boites de conserve dans lesquelles il reste coincé…

Favoriser le hérisson est intimement lié au développement des corridors et autres connexions. Pour protéger efficacement le hérisson des collisions avec les voitures, cela passe d’abord par le maintien et la création dans le paysage d’un réseau d’éléments favorables à ses libres déplacements.

Les alignements d’arbres et de buissons sont utilisés comme voies de déplacement d’un secteur à un autre. Aussi, dans tous les projets de route, de plans de zones ou de remembrement parcellaire, la conservation ou la replantation de haies jouerait un rôle essentiel pour la conservation de cette espèce. En outre, il est possible de modifier les lisières et l’implantation des haies pour favoriser les déplacements en un point précis du bord de route sur lequel il convient de créer un passage à faune souterrain. En parallèle, il est possible de dissuader les hérissons de traverser ailleurs en aménageant des fossés dont le talus côté route est bétonné à la verticale ou bien encore par la mise en place de filets à mailles fines (expérience menée sur l’A5 sur 17 km pour un coût estimé à 1,3 euros/m et qui a permis de réduire la mortalité de 73 %- CUENOT, 1999).

Une gestion moins intensive des bords de routes peut aussi être mise en place avec moins de coupes annuelles de la végétation (coupes également moins rases), ce qui permet le retour des insectes et donc la possibilité de gîte et de couvert pour le hérisson. Enfin, la replantation de haies connectées est un élément essentiel à la survie de l’espèce.

A titre individuel, il est aussi possible de créer un ou des gîtes qui serviront de nid à l’espèce.

Le hérisson et ses multiples parasites !

Le hérisson peut être porteur d’un certain nombre de parasites externes: puces, acariens et tiques. Ils sont également régulièrement infestés par des larves de mouches (myiases) provoquant généralement la mort à court-terme.
Les parasites externes sont souvent le reflet de l’état de santé général du hérisson. Ce sont souvent les individus fortement infestés qui sont par ailleurs gravement parasités par des nématodes pouvant entraîner la mort.
Ils sont également la proie d’infections fongiques, bactériennes ou virales.

(Dr Cécile LE BARZIC com. pers)

 

 

Hérisson d'Europe, Crolles, Isère 38 ©Géraldine Le Duc

Rédacteurs : Jean-François DESMET et Guillaume ALLEMAND, novembre 2017