Présentation et description
Le chien viverrin (Nyctereutes procyonoides) est un canidé sauvage d’une taille et d’un poids comparables au renard roux (6 à 7 kg en moyenne). Son allure trapue et massive, ses courtes pattes et ses longs poils gris à bruns lui donnent un peu l’aspect d’un blaireau, alors que son masque facial sombre et son pelage le font davantage ressembler au raton laveur. La queue du chien viverrin est néanmoins très différente de celle du raton laveur : queue touffue, 15 à 25 cm de long, de couleur sombre et unie.
Originaire d’Asie orientale (Chine, Vietnam, Corée, Japon) et introduit pour sa fourrure dans de nombreux pays de l’ex-union soviétique dans les années 1930, le chien viverrin s’est rapidement étendu dans de nombreux pays européens (Europe de l’est, Scandinavie, Allemagne,…). En effet, de nombreux lâchers (près de 9000 individus) ont été effectués dans les années 1930, 40 et 50 dans la partie européenne de l’ex-URSS. Considéré comme une espèce exotique envahissante, le canidé a été observé pour la première fois en France dans les années 1970. Depuis l’Arrêté Ministériel du 3 avril 2012, Le chien viverrin est classé nuisible sur l’ensemble du territoire français et peut donc être ainsi détruit toute l’année.
Essentiellement solitaire ou en couple, principalement actif la nuit et au crépuscule, le chien viverrin affectionne les habitats boisés et broussailleux, si possible humides et proches des cours d’eau (il nage très bien), à des altitudes souvent inférieures à 700 m. Nyctereutes procyonoides est un omnivore opportuniste qui se nourrit essentiellement d’insectes et de végétaux dans son aire d’origine, alors que dans son aire d’acclimatation il va principalement se nourrir de rongeurs, notamment les campagnols. Monogame, le chien viverrin rentre en rut entre février et avril. Après deux mois de gestation, 5 à 7 petits naissent dans un terrier. Mâle et femelle s’occupent de leur progéniture qui atteindra la maturité sexuelle à la fin de leur première année.
Etat des connaissances
Historique
Signalé pour la première fois en France (en Moselle) en 1975 (LEGER et RUETTE, ONCFS 2005), on dénombre aujourd’hui environ 150 observations (observations directes, animaux victimes du trafic routier, individus piégés ou capturés) de chiens viverrins, principalement dans l’est de la France et dans le département du Cher. Trente cinq départements font l’objet d’au moins une mention de l’espèce et dix départements comptent au moins 5 observations. Des cas de reproduction sont aussi connus, notamment en Haute-Saône, dès 1988 (LEGER et RUETTE, ONCFS 2014). Deux hypothèses sont avancées pour expliquer la présence hétérogène du canidé sur notre territoire : une colonisation du nord est du pays (Alsace, Lorraine, Franche-Comté) depuis le noyau de population en Allemagne et des individus échappés de parcs zoologiques, de cirques et de chez des particuliers dans les autres régions plus éloignées.
Distribution actuelle
En Rhône-Alpes, les premières mentions documentées datent des années 1990. En Savoie, la découverte d’une dépouille sur l’autoroute Lyon-Chambéry (secteur du tunnel de l’épine) en 1993 (GRILLO et al) a été suivie par l’observation d’un animal sortant d’un terrier à Saint-Cassin en 1994, puis par la découverte d’un cadavre le long de la D911 à Ruffieux, en 1995. En 1998, une observation a été réalisée à Plan-de-Baix (Vercors) dans le département de la Drôme (X. MARION) et en 1999 la dépouille d’un animal victime de collision routière a été découverte sur la RN89, à St-Laurent-de-Rochefort dans le département de la Loire. D’autres données dans les années 2000 ont permis d’identifier aussi l’espèce en Ardèche (un individu observé à deux reprises dans la commune des Vans, en 2013), en Isère (à Crolles, en 2006), dans l’Ain (un animal traversant la route à Neuville-sur-Ain, en 2006).
Conformément à la littérature, ces dernières observations ont toutes été réalisées à basse altitude, respectivement à 258 m, 271 m et 310 m.
Impact et gestion
Il n’a pas été constaté de population férale de chiens viverrins en France (LEGER et RUETTE, ONCFS 2014), et à plus forte raison en Rhône-Alpes. Les densités et effectifs de l’espèce restent donc faibles et les impacts probablement très limités sur les écosystèmes. Il est parfois fait mention dans la littérature d’une possible concurrence avec le renard et le blaireau et de potentiels impacts sur les proies animales, oiseaux notamment. Cette prédation sur les oiseaux a été renseignée par différentes études dans le delta du Danube (BARBU, 1972) et en Russie (HEPTNER et NAUMOV, 1974). Comme pour bon nombre d’espèces introduites, il est indispensable de continuer à suivre l’évolution géographique et numérique de l’espèce, ainsi que d’évaluer les réels impacts du canidé sur son environnement. Une attention particulière devra aussi être portée sur l’état sanitaire des animaux captifs et retrouvés morts, le chien viverrin étant sensible à diverses maladies transmissibles, la rage notamment.
Un canidé qui hiberne !
Dans son aire d’origine, entre décembre et février si les températures sont suffisamment basses (- 5°C à – 10°C selon les auteurs) , le chien viverrin entre en hibernation partielle. Le métabolisme de Nyctereutes procyonoides peut alors baisser d’environ 25 %. Lors des jours aux conditions climatiques plus clémentes, le chien viverrin peut sortir de son gite hivernal (terrier de renard ou de blaireau, sous de grosses souches) et reprendre une activité normale.
Rédacteur : Christophe GILLES, octobre 2018