Présentation et description
Le mot mulot vient du Néerlandais « Mol » qui signifie Taupe. Le mulot à collier peut se nommer aussi mulot à gorge jaune ou gorge rousse, voire mulot fauve. Il a été décrit pour la première fois en 1834 par MELCHIOR.
Son pelage est brun roux pouvant aller jusqu’au gris sur le dos et les flancs. Son ventre est blanc ainsi que ses pattes. La délimitation des 2 couleurs de pelage, avec les parties supérieures du corps est nette. Son nom est du à la présence d’un collier roux souvent bien visible, mais qui peut être un peu estompé. . Son caractère nocturne est révélé par ses grandes oreilles et surtout ses yeux saillants qui sont nettement plus gros que ceux des souris. Sa queue est annelée, peu velue, est plus longue que le corps (180 à 200 anneaux). En fait il est beaucoup plus forestier que son cousin sylvestre. La difficulté est de le différencier avec le mulot sylvestre : sa taille est plus grande, la queue du sylvestre est plus courte que son corps contrairement à flavicollis ; la délimitation des 2 couleurs de pelage est nette chez flavicollis et non chez sylvestris et il n’a évidemment pas de collier roux. Il faut dire que la position systématique de l’espèce n’a été clarifiée que dans les années 1970 grâce à des techniques biochimiques (DEBROT et MERMOD, 1977 ; BENMEHDI, 1979).
3 sous espèces (flavicolis, alpicola et dietzi), dont les différences sont basée sur les tailles relatives de la queue et du pied postérieur, avaient été déterminées, mais elles ne sont plus d’actualité à ce jour.
Le mulot se construit un nid d’herbes et de feuilles sèches, beaucoup moins élaboré que le muscardin, qu’il installe dans son terrier, un tas de bois, sous une plaque à reptile, un tas de compost, mais aussi dans une cavité d’arbre ou un nichoir. En effet il grimpe très bien aux arbres, il est aussi très habile dans toute la strate buissonnante. Il progresse souvent par sauts aidés en ça par ses grands pieds. C’est une espèce prolifique : Il semblerait que 3 portées de 3 à 9 jeunes du printemps à l’automne soit une fourchette basse. Mais en cas de grosse production automnale de glands ou de faines, il peut y avoir des portées en hiver. Les jeunes sont susceptibles de se reproduire au bout de 2 mois. Si l’on compare avec le mulot sylvestre, il semble que flavicolis ait une saison de reproduction plus courte et moins productive en jeunes (PELIKAN, 1966 et CORKE, 1974).
Ce sont donc les milieux forestiers qui sont principalement fréquentés par les mulots à collier. Mais on notera que ce sont les forêts caducifoliées et mixtes qui ont leur préférence. En effet ils y trouvent la nourriture de prédilection chez ces granivores : les glands et les faines sont alors leur principales sources d’alimentation. Mais aussi des noix, noisette et graines de toutes origines. Ils sont présents aussi en forêt sempervirentes d’altitude, mais leurs densités sont alors plus faibles. Ils s’y nourrissent alors des cônes des résineux, entre autres, en les démontant d’une façon bien plus précise et délicate que les écureuils. Les zones bocagères lui sont aussi favorables, ainsi que les cordons boisés le long des rivières et des torrents. Aux abords des maisons on peut les voir aux pieds des mangeoires ou carrément dedans. Il leur arrive aussi de consommer des invertébrés comme des insectes ou des lombrics voire des grenouilles (HAINARD, 1988).
La plupart des individus ne vivent pas plus d’un an et la reproduction peut avoir lieu en hiver.
Etat des connaissances
Historique
Il descendrait d’Apodemus dominans du pliocène terminal de Hongrie. L’ouest de l’Europe aurait ainsi été envahi en plusieurs vagues successives (MICHAUX et PASQUIER, 1974).
Distribution actuelle
L’espèce ne semble pas être présente au delà du dixième parallèle en Scandinavie ; à l’est, Il atteint l’Oural et le Caucase. Le mulot à collier est présent dans le sud de l’Angleterre, sa limite méridionale en Méditerranée atteint le nord d’Israël. En Espagne, il n’occupe que le quart septentrional du pays. En France, il est absent des bordures atlantiques et des rives de la Manche.
Le premier constat à faire, concernant les données représentées sur la carte de distribution, est que les analyses de pelote représentent presque la moitié des données. Ce mode de détermination des espèces doit concerner aussi presque tous les micromammifères de Rhône-Alpes. 4 espèces de rapaces nocturnes sont concernées par cette production, chouette chevêche, hulotte, hibou moyen-duc et effraie des clochers. Les données de celle-ci sont de loin les plus nombreuses et représentent plus de 80% des lots de pelotes. Par contre l’occurrence de découverte du flavicolis avoisine les 1% et confirme bien la rare présence de notre mulot dans les milieux ouverts où l’effraie fait son marché. A noter, après une analyse de 4 crottiers de genette, la découverte de 5 crânes en Ardèche (Christian RIOLS, 2018). Un gros effort de piégeage a été réalisé puisqu’il concerne 23% des données. Fait rare pour un micromammifère, 12% des données concernent une observation directe, surtout dans les bâtiments, mais aussi dans des nichoirs et aux abords de mangeoires. Les indices de présence n’ont pas été recherchés en raison de l’impossibilité de différencier les 2 mulots par cette méthode. L’espèce est commune partout où la forêt est présente ainsi que dans les zones d’élevage où le bocage est toujours présent.
L’espèce est présente dans tous les départements de Rhône-Alpes. C’est l’Isère qui compte le plus de données, mais Il s’agit plutôt de mettre ces bons chiffres en relation avec une grosse pression d’observation. Celle-ci ne date pas d’hier, puisque 28 carrés Isérois étaient déjà occupés avant 2005. 153 Mailles de 10×10 km sont comptées. Le mulot à collier a donc été observé dans 31% des mailles de Rhône-Alpes.
Forestiière, l’espèce est présente jusqu’à la limites des arbres et peut donc atteindre 2000 m dans les Alpes. Les altitudes record de la base de données sont dans le Jura, au Crêt de la Neige (o1) à 1666m, dans les Alpes à Chamrousse (38) à 1620 m, et au col de la Colombière (74) à 1600 m.
Menaces et conservation
C’est une espèce « fourrage » pour nombre de prédateurs forestiers compte tenu de sa prolificité. Les petites chouettes de montagne, chevêchette et Tengmalm, le traquent en altitude, le moyen duc et la hulotte complètent la liste. Pour les mammifères ce sont les renards, martres, fouines, hermines, chats forestiers qui le pourchassent. Pour les reptiles, couleuvres et vipères le capturent. N’oublions pas les chats domestiques qui autour des maisons exercent une forte prédation (18 données dans la base de données). Le blaireau semble ne pas le prendre pour proie et il tolère même sa présence dans ses terriers. (HAINARD,1988). Il peut, comme le muscardin, abandonner une partie du fourreau de peau qui recouvre les vertèbres de sa queue en cas de saisie de celle-ci par un prédateur. L’autotomie caudale chez cette espèce se fait au niveau des 21-22èmes vertèbres. Les vertèbres mises à nu se dessècheront et tomberont par la suite. Quand il est surpris au gite, dans une cavité d’arbre ou un nichoir, il n’hésite pas à sauter dans le vide pour sauver sa peau. Les jeunes pratiquent aussi de la même façon.
Le mulot à collier est considéré comme étant probablement la principale espèce réservoir du sous-type viral européen responsable de l’encéphalite à tique (zoonose qui est en forte augmentation en Europe du Nord).
Ses milieux forestiers de prédilection étant peu sujets à des transformations perturbantes, l’espèce ne nécessite pas de mesures particulières de conservation.
Le mulot à collier et les nichoirs…
A partir de 1994, l’ONF de Haute Savoie a proposé aux communes forestières, dans ses programmes de travaux annuels, la pose de nichoirs en bois. Depuis 2010, il a été proposé aux communes de remplacer les vieux nichoirs par des neufs de marque Schwegler, en béton de bois. Les gliridés étaient déjà présents dans les vieux nichoirs, mais leur remplacement a favorisé la présence de ces rongeurs. Il s’agit de l’effet béton de bois, très apprécié aussi par les chiroptères. Ils sont répartis sur 17 communes haut-savoyardes étagés de 260 m à 1400 m, en milieu forestier. Depuis 2012, la LPO 74 a pris le relais du service forestier avec un suivi beaucoup plus complet durant toute la belle saison.
Chaque année, des observations de mulot sont faites dans les nichoirs. Il leurs arrive souvent de prendre la place du muscardin ou du loir sans que cela provoque des conflits. Il n’est jamais simple de déterminer l’espèce de mulot devant ces petits animaux en mode panique. On peut essayer de s’en saisir mais les morsures sont cruelles. Les 31 données collectées de cette manière concernent les 2 espèces (6 données de reproduction sont notées). La plus grosse famille observée était de 5 jeunes et a été observée en 2019 à Valleiry (74). Les reproductions s’étalent de fin mai à fin octobre.
Rédacteur : Christian PREVOST, décembre 2019