Castor d'Eurasie_Lac d'Annecy_Juin 2014_©Julien Arbez

Présentation et description

Castor d'Eurasie_Loire_Juin 2013_© Vincent Miquel

Le castor d’Eurasie (Castor fiber) a été décrit, pour la première fois, en 1758, par le naturaliste Suédois Linné. Il est, en France, le seul représentant du genre castor qui ne possède que deux espèces avec le castor d’Amérique (Castor canadensis) qui n’est présent à l’état naturel que sur le continent américain. Il a été appelé d’abord, en Gaule, Bièvre issu du mot gaulois Bebros. Le mot castor viendrait du latin castor emprunté lui-même au grec ancien κάστωρ, kástōr. C’est le plus gros rongeur européen, celui qui possède la fourrure la plus dense. La confusion est possible avec les autres mammifères aquatiques, principalement le ragondin (Myocastor coypus) et la loutre (Lutra lutra), surtout à la nage et à la tombée de la nuit.

Le castor d’Eurasie vit dans les milieux aquatiques courants et stagnants. Son poids moyen est de 21 kg, mais il peut atteindre 35 kg. Sa longueur est d’environ 1 m dont 30 cm pour sa queue aplatie et d’aspect écailleux.

Il n’était présent, en France, au début du siècle dernier, que dans la basse vallée du Rhône et les castors présents actuellement en Rhône-Alpes (bassin ligérien et rhodanien), sont tous issus de cette population. Ils appartiennent tous à la même sous-espèce, l’occidentale (Elbe, Rhône et les castors scandinaves).

Au niveau national, le castor a été le premier mammifère protégé nationalement en 1968. L’espèce et son habitat sont strictement protégés (arrêté du 23 avril 2007 publié le 10 mai 2007) Article L.411-1 du Code de l’Environnement). Elle est inscrite à la Directive Européenne Habitats (JOCE du 22 juillet 1992) : annexes II, IV et V, à la Convention de Berne (JO du 28 août 1990 et 20 août 1993) : annexe III. Le castor est compris dans l’Arrêté du 9 avril 2010 « interdisant sur le territoire métropolitain l’introduction dans le milieu naturel de spécimens vivants de certaines espèces d’animaux vertébrés protégées »

Cette espèce est strictement végétarienne. Elle consomme en fonction des saisons principalement des écorces (environ 700gr/jour) en préférant les salicacées (saules). Elle y ajoute, à la belle saison, des herbacées aquatiques pris en berge (la majeure partie de sa nourriture se situe à proximité de l’eau).

Le castor vit en famille matriarcale qui comporte la femelle, le mâle, les 1 à 4 jeunes de l’année précédente et ceux de l’année en cours, nés après 105 jours de gestation. Elle est composée entre 4 et 10 individus, généralement 6. Le rut se déroule en février/mars, l’accouplement a lieu dans l’eau.

C’est, sans doute, suite à la pression humaine que le castor est devenu nocturne et crépusculaire.

Le castor possède une glande qui secrète un produit (castoréum) qu’il dépose sur des buttes de terre qu’il a parfois pétri. Cela lui sert de carte d’identité. Ses indices de présence sont bien reconnaissables (troncs taillés, bois rongé, dépôts de castoréum) et peuvent servir à savoir si un territoire est occupé.

Le castor d’Eurasie possède plusieurs types d’habitations. Il peut utiliser des trous existant dans la berge (abris sous roche, vide dans un enrochement…). Si cela n’existe pas, il creuse un terrier dans la berge. Si la berge ne convient pas (granulométrie, tenue des matériaux, destruction entière ou partielle par la crue), il le conforte avec un terrier-hutte ou construit une hutte. Même s’il est moins bâtisseur que Castor canadensis, il peut aussi construire un barrage afin d’agrandir son territoire, de maintenir l’entrée du terrier sous l’eau.

Sa consommation de saules fait recéper ces arbres, augmente alors leur réseau racinaire améliorant ainsi la tenue des berges. C’est un vecteur important de biodiversité en créant de nouveaux habitats (prairies humides, canaux, bois mort…). Lors de la construction de barrages, il augmente la surface d’eau libre développant un milieu de vie propice aux invertébrés aquatiques (coléoptères, odonates…), aux amphibiens (tritons, grenouilles…) mais aussi aux poissons. De ce fait, leurs prédateurs (cigognes, hérons, rapaces diurnes, poissons et mammifères carnivores…) ont des lieux de nourrissage et des proies plus abondantes. Les barrages limitent l’érosion des berges et opèrent une régulation hydraulique sur les petites rivières. Lors des périodes d’étiages, ils permettent aussi le maintient de l’eau, notamment sur les cours d’eau méditerranéens. On parle, pour cette espèce, d’architecte du territoire. Le castor est une espèce parapluie dont la présence génère une diversification des espèces et des milieux. Une synthèse préalable à l’introduction du castor en Ecosse a démontré son impact positif sur la diversité et l’abondance des invertébrés aquatiques mais reste plus mesurée sur l’ichtyofaune (poissons) en raison du colmatage de certains habitats et d’une entrave mineure aux migrations par les barrages (COLLEN, 1997).

Le castor était suspecté de ne pas emprunter des pentes importantes et de suivre les cours d’eau. Les populations augmentant, son comportement a évolué et des pentes plus importantes peuvent être franchies. DUBRULKLE signale le franchissement de pente à 24 % sur près de 3 000 m. Dans ce même ouvrage, il signale des contournements d’obstacles. Lors du suivi de la réintroduction du castor en plaine du Forez, plusieurs observations de castors ont été effectuées à des distances supérieures à un kilomètre des cours d’eau où ils sont installés. Certains individus, notamment les jeunes castors, peuvent emprunter des ouvrages artificiels (chenaux, drains, canalisations enterrées) pour rechercher de nouveaux territoires.

De ce fait, même si la présence du castor sur les réseaux hydrographiques est relativement bien connue, elle doit être affinée sur les fronts de colonisation. On note encore une progression sur certains cours d’eau en lien avec des opérations de renaturation des berges, d’arasement de seuils ou d’installation de passe à castor.

Etat des connaissances

Historique

Le castor d’Eurasie peuplait autrefois l’ensemble des bassins fluviaux de la France et de l’Europe. Toutefois, les modifications très importante que l’homme a fait subir à certains cours d’eau (endiguement, calibrage, barrages, pollution…) et les nombreuses destructions directes ont eut des conséquences désastreuse sur l’ensemble des populations. En effet, sa fourrure très dense était très estimée, son poil permettrait de fabriquer des chapeaux en feutre (censé favoriser la mémoire) ou, par exemple, les bicornes de Napoléon. La viande était consommable pendant le carême et le vendredi car classée comme poisson par le clergé. Le castoréum étant utilisé en pharmacie (il contient de l’acide salicylique) et en parfumerie, son prix était extrêmement élevé. Le castor d’Eurasie a été pour cette raison persécuté, dès le XIIe siècle, jusqu’à sa disparition quasi-totale de France. Il a été remplacé ensuite en parfumerie par le castor canadien.

La région Rhône Alpes est incluse dans deux bassins fluviaux (Loire et Rhône).

Bassin Rhôdanien

Sur le bassin du Rhône, l’espèce était présente il y a 70 000 ans à Orgnac (FAUGIER 1989). Au début du XIX° siècle, il ne restait cependant que quelques dizaines d’individus en basse vallée du Rhône. Avec sa protection locale, dans les départements des Bouches-du-Rhône, du Gard et du Vaucluse, en 1904, il regagne du terrain et HAINARD estime en 1940 leur nombre à 300 individus répartis en 60 à 70 stations, sur le Rhône entre l’embouchure de l’Ardèche et la mer.

Il est cité à l’île de la Pape en 1888. En 1934, 2 castors sont abattus à Saint-Fons et 2 à 3 familles sont alors estimées entre Givors et Saint-Fons.

Suite à sa destruction par l’homme, l’espèce s’est progressivement éteinte de notre région pour subsister dans le sud de la France. En Rhône Alpes, cependant quelques données éparses laissent subsister un doute sur la présence ponctuelle d’individus.

A partir de sa protection, la population se reconstitue et recolonise d’anciens territoires. Cependant, la construction d’ouvrages sur le Rhône comme celui de Pierre Bénite, en 1966, altère les échanges entre les populations situées à l’amont et à l’aval.

En 1957, Hainard réintroduit l’espèce sur le Versoix (Suisse) et l’espèce installe son terrier-hutte en France,

Richard le signale ensuite en 1965 et 67 sur la Saône, Plantain signale un jeune castor tiré au pont de la Boucle, à Lyon, en 1970. En 1979, l’espèce arrive sur l’île de la Table Ronde (SMIRIL). En 1988, à Beaupont (Bresse de l’Ain, 178 km de la confluence) un Castor est tué par une voiture. La même année, un terrier est trouvé en amont de Neuville et à Collonges en mont d’Or. Il est signalé en 1993 en amont de Trévoux et à Belleville-sur-Saône.

Sur le bassin de la Saône, d’après DUBRULLE, la colonisation a commencé en 1991 en amont de Lyon, et depuis 2000, pour la Saône supérieure, par une migration provenant du bassin de la Moselle.

Bassin ligérien

Sur le bassin de la Loire en Rhône-Alpes, malgré des recherches spécifiques, aucune donnée historique n’a pu être trouvée. Il était présent en aval comme l’atteste le nom de la rivière la Besbre dans le département de l’Allier.

Etat des connaissances du castor d'eurasie

Distribution actuelle

Suite à sa protection, aux réintroductions, l’espèce est maintenant présente sur l’ensemble des bassins fluviaux français de façon plus ou moins répandu, les bassins rhodaniens et ligériens possèdent les plus belles populations. En 2015, l’espèce est présente à des degrés divers dans 51 départements, essentiellement dans la moitié Est et dans le centre de la France (ONCFS).

En ce qui concerne la répartition de cette espèce territoriale, la bibliographie, suivant les auteurs parle de 1 à 3 kilomètres de berges. CHOISY, dans la Drôme, note une famille pour trois plus ou moins un kilomètres de cours d’eau. EROME et BROYER citent un territoire d’une famille sur 1.7 km. De plus, leur territoire n’est pas toujours linéaire et englobe souvent les milieux annexes. Dans les cours d’eau à débit variable (lié à l’exploitation hydro- électrique), ou à faible fond, sur la Loire incisée par exemple, il s’installe souvent sur des plans d’eau proches (gourds, anciennes carrières…). Sur l’île du Beurre, 18 individus fréquentent environ 80ha d’espaces favorables. Sur l’Ecopôle du Forez, 150 hectares de fleuve, d’anciennes gravières et de bras morts abritent, en 2016, 3 familles certaines et 1 famille probable (HIGOA – 2016).

Dans son livre, Mammifères sauvages d’Europe, Robert HAINARD signale un contact avec l’espèce, en Suisse, aux alentours de l’année 1800 à plus de 2000m d’altitude. Ce n’est pas le cas actuellement, même si des contacts ont lieu à des altitudes élevées, l’installation ne semble pas pérenne hormis sur le lac de Devesset (07) à 1080 m d’altitude.

Bassin Rhôdanien

Alors que le castor est revenu naturellement depuis l’aval du Rhône dans les années 1960 en Drôme Ardèche puis en 1968 à Lyon, des opérations de réintroduction ont été conduites de 1957 à 1991 sur une dizaine de site, principalement sur le Rhône à l’amont de Lyon, permettant de renforcer la population existante mais aussi de faciliter le franchissement de certains ouvrages hydrauliques du Rhône et de ses affluents. La bonne dynamique des populations a contribué à l’accroissement de sa répartition sur l’ensemble du réseau hydrographique, les principaux obstacles étant les barrages, les zones très urbanisées et le régime des cours d’eau d’altitude.

Le Haut-Rhône constitue le principal axe de dispersion du castor de l’arc alpin. Le castor a fait l’objet de nombreuses réintroductions notamment en Haute-Savoie et dans le Genevois où plus de 60 individus ont été réintroduits. L’Arve a permis et a conforté le maintien et la dispersion de l’espèce vers les secteurs les plus montagneux du Nord des Alpes. Plus au Sud, l’Isère et ses affluents constituent un deuxième axe de dispersion, le castor ayant réussi à franchir l’agglomération grenobloise et la majorité des barrages de ce cours d’eau jusqu’à Albertville.

En secteurs montagneux, le castor trouve souvent sa limite sur les barrages hydroélectriques avec des digues infranchissables ou dans les cours d’eau dont la forte pente ou le régime torrentiel conviennent peu au castor. Ainsi, ce dernier se trouve sur des altitudes inférieures à 750m, le plus souvent en dessous de 400m.

Les barrages de Vouglans sur l’Ain, Notre Dame de Commiers sur le Drac ou de Motz sur le Fier constituent des barrages de plus de 50m rendant totalement impossible le passage des castors.

En secteur de plaine et colline, le Castor est présent sur nombreux cours d’eau connectés au Rhône (Ain-Suran, Furan, Bourbe, Bièvre). Sur la Saône, si le Castor est présent avec des densités moins importantes, il est très peu présent sur les affluents (Chalaronne, Veyle, Ardières…). Depuis 2012, le Castor bénéficie sur l’Azergues et des opérations de renaturation des berges qui lui ont permis de remonter jusqu’à la confluence avec la Brévenne.

Notons enfin que suites aux introductions, certaines populations se sont développées indépendamment, notamment sur les lacs et leurs affluents (Annecy, Bourget et Leman) où les castors se sont développés sur quelques kilomètres de berges sur des secteurs assez éloignés du reste des populations.

Bassin ligérien

Les populations du bassin de la Loire en Rhône Alpes possèdent deux origines. Celle située sur le fleuve, les milieux annexes et les affluents dans le Roannais est arrivée dans le département de la Loire en 1998 (ULMER – 1999). Elle est issue de la population réintroduite en 1974 à Blois (13 individus). Quant à la population présente dans la Plaine du Forez, enclavée entre deux barrages, elle est issue de la réintroduction faite par la FRAPNA Loire. En 1994 et 1995, treize castors capturés par l’ONCFS dans la vallée du Rhône (départements d’Ardèche, Drôme et Savoie) ont été relâchés sur le site de l’Ecopôle du Forez. Sur le bassin de la Loire du département éponyme, le Castor s’est installé sur le fleuve, les annexes (gravières, bras morts) et les rivières, principalement en plaine. Les relevés 2007 de la FRAPNA Loire montre que la répartition forézienne du Castor comprend, au minimum, 18 territoires certains, 6 probables et 9 possibles, situés indifféremment en amont et en aval du secteur de réintroduction, sur la Loire et quelques affluents. La population installée sur le fleuve occupe 22 territoires sur les 33 que compte la plaine du Forez. La connexion entre ces deux populations semble impossible en raison de la présence du barrage de Villerest. En amont, celui de Grangent bloque actuellement toute colonisation. Cependant, en amont de ce dernier, une veille est nécessaire. En effet, le Castor d’Eurasie a été contacté à Bas en Basset à une quinzaine de kilomètres (par voie fluviale) des limites départementales. Ce Castor est issu, sans doute, d’une population ayant colonisé le fleuve à partir du Lignon du Velay. Ces castors auraient colonisé cette rivière en franchissant la ligne de crête aux alentours de Devesset et seraient passé du bassin de l’Eyrieux à celui du Lignon du Velay.

Sur la Loire, l’espèce est entièrement issue de réintroduction alors que sur le bassin du Rhône, la recolonisation naturelle a été possible depuis l’aval et des réintroductions ont été réalisées pour lui faire franchir les barrages et renforcer les populations existantes.

Lacher de castor à l'écopôle du Forez_1995_©Josy DEFOUR

Menaces et conservation

Castor d'Eurasie_Andance_Mai 2009_© Vincent Palomares

En Europe du nord et de l’est, Il rentre parfois en concurrence avec le castor d’Amérique Castor canadensis qui a été introduit dans certains de ces pays.

Des problèmes de cohabitation castor et homme peuvent parfois apparaître. En effet, cette espèce consomme de la végétation à proximité de l’eau dont des arbres. Elle peut, lorsque la rivière n’est pas longée d’une bande rivulaire suffisante de salicacées, s’attaquer à des plantations (peupleraies, fruitiers, maïs…). Elle peut aussi, par ses constructions, augmenter les niveaux d’eau en et ainsi inonder des cultures ou des prairies exploitées. Cependant, il est important de rappeler que l’espèce et ses constructions sont protégées. Tout démantèlement doit être soumis à l’élaboration d’un dossier de demande de dérogation. Certaines actions peuvent être proposées (installation d’un siphon, pose d’un fil électrique) mais demandent une maintenance importante et présentent des résultats aléatoires. Il est important de tenir compte de l’aspect coût/bénéfice, le Castor bouchant les fuites de ses barrages et les reconstruisant rapidement.

L’espèce est en pleine expansion, elle est cependant freinée par des facteurs naturels (crue, topographie…) et des facteurs anthropiques tel que le morcellement de son territoire par la construction de routes auxquelles il paye un tribu important. La prédation notamment par une espèce introduite , le silure glane (Silurus glanis) dont il peut être la proie (2000 – EROME et RENAUDIER) est difficilement quantifiable. Le piégeage ou le tir par confusion lors de la lutte contre le ragondin (Myocastor coypius), le braconnage peuvent être aussi des causes de mortalité …

Pour permettre le passage d’obstacles, des aménagements ont été faits sur certaines parties du bassin du Rhône et de la Saône. Ils manquent cependant sur d’autres secteurs et des réflexions sont en cours pour permettre le franchissement de certains ouvrages comme sur le secteur de la basse-Isère (LPO-EDF) ou la rivière Ain. Sur le bassin ligérien, il reste à monter des projets pour franchir les deux grands barrages (Grangent et Villerest) et permettre la connexion des différentes populations.

L’urbanisation et l’artificialisation des berges constituent des obstacles importants à la dispersion durable des castors. Si des jeunes peuvent tenter des incursions sur des cours d’eau très canalisés ou couverts, il est très rare que deux individus reproducteurs de sexe opposé passent la barrière de l’urbanisation pour s’installer à l’amont. C’est, par exemple, le cas de la Ville de Bourgoin-Jailieu sur la Bourbe, de Brignais sur le Garon qui bloquent la progression des castors vers l’amont. On peut noter cependant que l’espèce a franchi Rive de Gier par la rivière Gier qui est, sur ce secteur, couverte sur plus d’un kilomètre. Remarquons toutefois que les travaux de restauration des berges peuvent être suivis d’un retour rapide de l’espèce. C’est par exemple le cas sur la basse Vallée de l’Yzeron où après plusieurs décennies d’absence, l’espèce a effectué un retour moins d’un an après des opérations de restauration du lit mineur.

Le castor d’Eurasie a reconquis actuellement une grande partie de son territoire rhônalpin. Cette espèce possède une excellente image auprès du public et fait l’objet de nombreuses actions d’éducation à l’environnement par les associations.

Notre connaissance de l’espèce a évolué en fonction de son comportement lors des recolonisations. On se doit cependant de continuer le suivi, plus particulièrement le front de recolonisation. On pensait l’espèce limitée aux secteurs de plaine, il peuple actuellement les milieux collinéens et se trouve à plus de 1000m d’altitude sur Devesset (07). Il a d’ailleurs franchi seul certains ouvrages comme dans la région Auvergne celui de Lavalette. Il est nécessaire aussi de restaurer la continuité écologique en équipant les routes et autoroutes. Les ouvrages hydrauliques restent nombreux à être équipés pour permettre le passage du castor et d’autres animaux liés à l’eau comme la loutre. Lors d’opérations impactant son habitat, les aménageurs sont tenus de respecter cette espèce protégée et de s’assurer de sa préservation. Ils peuvent pour cela s’appuyer sur l’expertise des associations, plusieurs réalisations de dispositifs de franchissement ou d’échappatoire ont par exemple été installés grâce à leurs interventions ainsi que des suivis de l’espèce.

Lors des aménagements ou des entretiens de milieux naturels tels que les berges de cours d’eau, il est indispensable de tenir compte de la présence de l’espèce voire de la favoriser (voir le guide pratique revitalisation de cours d’eau : le castor est notre allié). Afin de limiter la déprédation sur les cultures, le maintien d’un cordon de salicacées le long des cours d’eau est essentiel.

Cette espèce étant intégralement protégée, elle ne peut être détruite. Cependant, le piégeage d’autres espèces, principalement dans les milieux que le castor fréquente, doit être non létal, permettant d’éviter la destruction d’espèces protégées ou vulnérables.

Castor d'Eurasie, Loire, juin 2013 © Vincent Miquel

Rédacteurs : André ULMER et Julien BOUNIOL, novembre 2017