Marmotte des Alpes, Le Périer, août 2015 © Sylvain Chapuis

Présentation et description

Marmotte des Alpes, Auvergne, avril 2013 © Reinaud Christian

Marmotte rime avec mascotte ! Et c’est sans aucun doute ce que ce mammifère représente aux yeux des touristes en visite dans les Alpes, ou ailleurs de nos jours… Fi des aigles, bouquetins et autres stars de l’Alpe, on veut d’abord et surtout voir des marmottes. Cet animal dodu et court sur pattes, aux belles couleurs variant du jaune au gris en passant par le roux, a tout pour séduire : facilement observable, relativement fréquent et animé d’un comportement fantasque où les interactions ludiques entre les membres de la colonie font le bonheur des promeneurs.

Les adultes mesurent de 50 cm à 60 cm de long et pèsent en moyenne entre 3 kg et 6 kg selon la période de l’année (avant ou après l’hibernation).

La marmotte des Alpes Marmota marmota est un gros rongeur appartenant au sous-ordre des Sciuromorphes, famille des sciuridés et au genre Marmota qui regroupe plusieurs espèces dans le monde.

C’est une espèce essentiellement alpestre.

Elle est autochtone dans les départements alpins de la région. Elle y occupe principalement la tranche altitudinale des alpages, entre 1600 m et 2200 m. Elle est citée au-delà comme cette donnée dans le Valjouffrey près du Glacier de Font Turbat à 3260 m (Guy Caullireau, PN Ecrins, 1980) !

Classée gibier, elle reste chassée de nos jours. Le déterrage, pratiqué régulièrement autrefois, est aujourd’hui interdit. On a pu observer localement des dégâts liés au creusement des terriers dans les prairies de fauche mais c’est exceptionnel.

Ce mammifère passe la moitié de son existence sous terre. Fouisseurs laborieux particulièrement efficaces, les marmottes qui vivent en colonies creusent des terriers dans lesquels ils peuvent s’abriter en famille tout l’été et se réfugier pour leur long hiver d’hibernation. Les individus les plus précoces émergent de leur abri hivernal vers la fin du mois de mars pour y retourner vers la mi-octobre. En dépit de leurs attitudes apparemment sympathiques, les individus sont très territoriaux. L’intrusion d’un étranger dans la colonie déclenche une forte hostilité qui se traduit par de violents combats.

L’accouplement a lieu une quinzaine de jours après la sortie de l’hibernation. La gestation durant un peu plus d’un mois, les jeunes (entre deux et six) naissent nus et aveugles dans le terrier en mai. Ils en sortent fin juin début juillet.

A l’exception d’individus rejetés par la colonie et condamnés à une vie solitaire très précaire, les marmottes vivent en société où le jeu prend une part importante. Très exposées à la prédation (aigle, renard) elles sont toujours sur le qui-vive. Contrairement à une idée répandue, il n’y a pas de « sentinelle », chacune veille et alarme en criant en présence d’un danger.

Etat des connaissances

Historique

A la fin du Pléistocène, la marmotte occupait une grande partie de l’Europe occidentale. Elle était même présente à basse altitude en France pendant les phases glaciaires. Son aire de répartition s’est ensuite considérablement réduite en raison des évolutions du climat (périodes de glaciations alternant avec des réchauffements). Elle est alors confinée aux seuls massifs montagneux. Plus tard, l’extension de l’habitat humain et des activités associées l’ont encore réduite. Après avoir disparue des Pyrénées, elle s’est restreinte aux Alpes et aux Carpates, où malgré tout, la pression de la chasse l’a encore fait diminuer jusqu’au début du 20ème siècle..

Depuis les années 50 elle connaît une nouvelle augmentation de son aire de présence et de ses populations, en raison du déclin de l’agriculture de montagne et de la création de zones protégées.

Par ailleurs, entre 1930 et 1990, de nombreuses opérations de réintroductions et d’introductions ont également favorisé cette extension, notamment dans les Pyrénées et le Massif Central.

Carte de l'état des connaissances sur la marmotte des Alpes

En France, les marmottes occupent les Alpes, une partie du Massif Central et les Pyrénées. Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, l’espèce est présente dans 7 départements dont 5 de l’ancienne région Rhône-Alpes : la Haute-Savoie, la Savoie, l’Isère, la Drôme et l’Ardèche.

C’est l’Isère qui fournit le plus d’observations juste devant la Haute-Savoie.

Absente du Vercors, la marmotte y a été réintroduite dans le secteur des Quatre montagnes en 1970. Plus récemment, une campagne de transplantation à partir d’individus capturés dans le Champsaur (Ecrins) a permis un renforcement de la population. Ce fut le cas également pour la Chartreuse, les Bauges et le Chablais.

Un programme analogue a été conduit par l’ONCFS dans le massif du Mézenc en Ardèche (Metral, Catusse, ONCFS 2005). Les individus qui avaient été capturés en Savoie se sont installés avec succès.

On la trouve également plus à l’ouest dans le massif des volcans d’Auvergne (Cantal et Puy de Dôme).

Rarement observée sous 1 400m, la marmotte occupe principalement les étages subalpin et alpin. Les observations constituant des records d’altitude au-delà de 3 000m sont enregistrées en Isère, sur la commune de Valjouffrey, à 3260m et en Savoie, sur la commune de Sollières-Sardières, à 3 051m.

Dans la région, la marmotte est observable de mars à octobre.

De nombreuses études ont été conduites sur cette espèce (thèses notamment) qui se sont intéressées à l’hibernation et à la vie sociale de ces populations.

Marmotte des Alpes, Chartreuse, mars 2017 © Denis Adam

Menaces et conservation

Marmotte des Alpes, col du mont Cenis © Jean-Marie Nicolas

Les densités sont variables selon les territoires et peuvent être affectées par divers paramètres :

– La durée de la couverture neigeuse comme son épaisseur en protégeant les terriers du froid pendant l’hibernation constituent des éléments importants en réduisant les risques de refroidissement.

– En alpage, la présence de certains chiens de troupeau « spécialisés » sur les marmottes peut avoir des effets désastreux sur une partie des colonies concernées. L’arrivée récente des chiens de défense (patous, bergers d’Anatolie) a fortement accru la pression sur les marmottes.

– La chasse est toujours pratiquée. La consommation de la chair en constitue la motivation traditionnelle mais le tir en fin de partie de chasse pour évacuer la frustration d’une bredouille a été plusieurs fois constaté. L’animal, explosé par une balle (projectile interdit pour ce gibier), n’est même pas récupéré. C’était simplement une cible.

– Les carences et désagréments provoqués par la consommation d’aliments sucrés proposés par les touristes peut localement affecter des individus.

– La prédation naturelle (aigle royal et renard principalement) sont bien réelles mais ne semblent pas avoir d’impact significatif sur les populations.

Les populations de la région ne sont globalement pas en danger.

Toutefois, la maitrise des chiens en alpage doit être renforcée au risque de voir des alpages quasiment désertés par les marmottes.

Rédacteur : Christian COULOUMY, novembre 2019